Le tunnel du Mont-Blanc, axe stratégique entre la France et l’Italie, sera totalement fermé à la circulation du 1er septembre au 12 décembre 2025. Une décision de l’ATMB qui s’inscrit dans le cadre de lourds travaux de rénovation de la voûte. Cette fermeture intervient alors que la RN205 subit déjà une perturbation majeure due à un éboulement, complexifiant davantage le trafic dans la région.
Une fermeture planifiée sur 15 semaines pour préparer les grands travaux
La direction de l’ATMB (Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc) a officialisé ce lundi la période de fermeture complète du tunnel du Mont-Blanc pour un second chantier-test préalable à la rénovation complète de l’ouvrage. Ce tunnel, long de 11,6 kilomètres et mis en service en 1965, est l’un des plus anciens et les plus empruntés d’Europe.
Le choix de la période automnale n’est pas anodin. Selon le communiqué de l’ATMB, « l’automne est considéré comme la période la moins impactante pour le tourisme », une manière de limiter les effets sur les professionnels de la montagne et l’économie touristique des Alpes.
Le chantier s’étalera sur 15 semaines, du 1er septembre au 12 décembre 2025. Pendant cette période, aucun véhicule ne pourra emprunter le tunnel, ni en direction de l’Italie, ni vers la France. Il s’agit de la seconde phase expérimentale, après celle menée à l’automne 2024. Ces opérations visent à tester différents protocoles avant la mise en œuvre des travaux de rénovation à grande échelle.
Un trafic lourdement impacté et une déviation complexe à gérer
Le tunnel du Mont-Blanc est un axe routier capital. En moyenne, ce sont 3.600 véhicules légers et 1.700 camions qui y circulent chaque jour. En été, ce chiffre grimpe à plus de 6.000 véhicules par jour, notamment en août, période de fort trafic touristique.
Selon les prévisions de l’ATMB, 90 % des poids lourds devraient être redirigés vers le tunnel du Fréjus, situé en Savoie. Pour les véhicules légers, le trafic sera réparti selon les trajets des usagers entre le Grand-Saint-Bernard, le tunnel de Fréjus et les cols alpins (cols fermés en Hiver). Une organisation qui ne sera pas sans conséquence sur les autres axes transalpins déjà sous pression. Les itinéraires pour éviter le tunnel du Mont Blanc :
- Tunnel du Fréjus : principal itinéraire alternatif pour les poids lourds
- Col du Grand-Saint-Bernard : solution possible pour les véhicules légers
- Col de la Forclaz ou col des Montets : utilisés ponctuellement, mais potentiellement fermés l’hiver
Le report de trafic pourrait engendrer une saturation des axes secondaires, notamment dans les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne, zones déjà sensibles en haute saison.
Un éboulement complique davantage la situation sur la RN205
Mercredi 20 août, un important éboulement a eu lieu sur la RN205, axe d’accès direct au tunnel du Mont-Blanc depuis l’autoroute A40. La zone concernée se situe entre les diffuseurs de Servoz (n°24) et de Passy (n°21), là où la chaussée descendante longe directement les parois rocheuses, tandis que la voie montante passe sur un viaduc.
À la suite de cet incident, la circulation est totalement interrompue dans le sens descendant, et le viaduc des Egratz a été mis à double sens. Cette mesure temporaire, bien que nécessaire, réduit considérablement la capacité de trafic.
Avec une seule voie dans chaque sens sur cette portion critique, et l’arrivée prochaine de l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), la région fait face à une sérieuse problématique de gestion du trafic. Le flux de touristes et de participants à l’événement sportif risque d’amplifier les embouteillages, déjà conséquents en cette période estivale.
Un chantier de rénovation ambitieux et stratégique
Le tunnel du Mont-Blanc, vieux de 60 ans, fait face à un défi technique et sécuritaire de taille. Les deux phases de chantier-test, en 2024 et 2025, constituent des étapes préparatoires au lancement des travaux de rénovation de la voûte.
L’objectif : identifier le meilleur mode opératoire pour intervenir sur cette structure complexe, sans compromettre la sécurité ni interrompre trop fréquemment la circulation. L’enjeu est d’autant plus important que ce tunnel constitue un maillon vital des échanges économiques entre la France et l’Italie.
Le budget global alloué pour ces travaux expérimentaux s’élève à 50 millions d’euros. Cette enveloppe comprend l’ingénierie, les tests de matériaux, les simulations de circulation, et l’adaptation des infrastructures aux normes européennes les plus strictes.
- Durée de vie de la voûte initiale : 60 ans
- Objectif post-rénovation : sécuriser le tunnel pour les 30 prochaines années
- Nombre de chantiers prévus : 2 phases tests, puis rénovation par tronçons
La rénovation du tunnel du Mont-Blanc est aussi une réponse aux exigences croissantes en matière de sécurité, notamment après l’incendie tragique de 1999 qui avait causé la mort de 39 personnes. Depuis cet événement, les normes de surveillance et d’intervention ont été largement renforcées.
Vers une fin d’année 2025 sous tension pour les transports alpins
Entre la fermeture du tunnel, la fragilité de la RN205, et la forte fréquentation touristique de l’arrière-saison, le réseau routier de Haute-Savoie et des vallées alpines se prépare à vivre un automne particulièrement dense. Les entreprises de transport, les collectivités locales et les services d’urgence devront adapter leurs dispositifs pour limiter les perturbations.
Les automobilistes, quant à eux, devront anticiper leurs déplacements, vérifier les itinéraires alternatifs et s’attendre à des délais accrus, en particulier pour les trajets transfrontaliers.
Les usagers réguliers du tunnel, notamment les transporteurs routiers, sont invités à consulter régulièrement les informations fournies par l’ATMB, les préfectures locales et les applications de navigation en temps réel.
Ce chantier majeur, bien que temporairement contraignant, marque une étape décisive dans la modernisation d’un axe alpin stratégique entre la France et l’Italie.
